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Synthèses bibliographiques
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Audrey PICHARD

 Utilisation de la lutte biologique pour lutter contre les plantes envahissantes


Mots-clés : biological control, invasive weed, plant invasion, herbivores

Références bibliographiques :

• Coutinot D, Strafinger U, McFadyen R, Volkovitsh M, Kiss L, Christofaro M, Ehret P. (in press). Workshop Feasibility of biological control of common ragweed (Ambrosia artemisiifolia) a noxious and highly allergenic weed in Europe, 12th International Symposium on the Biological Control of Weeds, 22-27 April, 2007, Montpellier France.
• John LM and Montserrat Vilà. 2001. When do herbivores affect plant invasion? Evidence for the natural enemies and biotic resistance hypotheses. Oikos 95 361-373.
• Morin L, Evans KJ, Sheppard AW. 2006. Selection of pathogen agents in weed biological control: critical isues and pecularities in relation to arthropod agents. Australian Journal of Entomology 45 349-365.
• Sheppard AW, Shaw RH, Sforza R. 2006. Top 20 environmental weeds for classical biological control in Europe: a review of opportunities, regulations and other barriers to adoption. Weed Research 46 93-117.
• Van Kliken RD and Raghu S. 2006. A scientific approach to agent selection. Australian Journal of Entomology 45 253-258.

Synthèse :

Les problèmes provoqués par les plantes envahissantes sont depuis peu reconnus en Europe (Sheppard et al., 2006). Pourtant, l’invasion est un réel problème au niveau environnemental. En effet, les invasions biologiques sont considérées comme la seconde cause d’érosion de la biodiversité, après la destruction des habitats naturels (Vitousek et al., 1997). A présent, afin de limiter la prolifération de ce type de plante, les méthodes utilisées sont de type chimique, pratique à risque tant sur la santé humaine, animale que sur la qualité de l’environnement. Ainsi, si nous cherchons à analyser l’apport de ces méthodes en estimant coûts et bénéfices en terme de recherche, développement, fabrication, il est évident qu’il est plus judicieux de mettre en place d’autres stratégies moins onéreuses. Dans ce cadre, la lutte biologique est une pratique envisageable. Or, l’application d’une telle méthode dépend de la volonté publique, tant politique que culturelle, économique ou encore environnementale.
Pourtant, 20 espèces végétales sont répertorié en Europe comme pouvant faire l’objet d’une lutte biologique (Sheppard et al., 2006). Les contraintes actuelles concernant l’utilisation de la lutte biologique sont simplement économiques, politiques et dues au manque d’informations et de connaissances et au scepticisme de la part du public. En revanche, la lutte biologique est utilisée dans de nombreux pays comme l’Amérique de Nord, l’Australie et a largement fait ses preuves. Ainsi, il est nécessaire de sensibiliser la population aux problèmes causés par les plantes envahissantes et d’établir une législation européenne et des financements pour envisager ce type de pratique.
Envisager une lutte biologique dirigée contre les plantes envahissantes nécessite des études quant au choix de l’herbivore spécifique de l’espèce invasive dans le milieu naturel et la prise en compte de toutes les interactions au sein de l’écosystème (van Klinken et al., 2006). Bien que les arthropodes herbivores comme agents de lutte biologique aient toujours été favorisés, aujourd’hui l’utilisation de plantes pathogènes est de plus en plus commune pour des raisons pratiques de spécificité et montre des résultats semblables (Morin et al., 2006). Des études ont montré que la présence de granivores affecte significativement la densité des plantes pérennes et réduit fortement la production de graines (John et al., 2001).
Enfin, si nous nous appuyons sur l’exemple d’Ambrosia artemisiifolia, l’étude de faisabilité d’une lutte biologique en Europe révèle que l’utilisation d’insectes du genre Zygogramma ou du Lépidoptère Epiblema strenuana est tout à fait efficace pour limiter l’invasion de cette espèce. Les résultats ayant été confirmés dans d’autres pays comme la Hongrie ou l’Australie (Coutinot et al., 2007), cette technique serait donc applicable en France pour lutter contre cette invasive opportuniste des cultures et très allergisante.


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