livre ouvert

Synthèses bibliographiques
retour


VERNAC Dominique

M1 BGAE IEGB

Bilan de la réintroduction du lynx dans le Jura

Mots-clés utilisés pour la recherche : Lynx, Jura, réintroduction, prédation, management, lifestock

 Bibliographie :

- Stahl P, Vandel J.M, Herrenschmidt V, Migot P (2001). Predation on livestock by an expanding reintroduced lynx population : long term trend and spatial variability. Journal of Applied Ecology, 38, 674-687.

- Stahl P, Vandel J.M, Ruette S, Coat L, Coat Y, Balestra L (2002). Factors affecting lynx predation on sheep in the French Jura. Journal of Applied Ecology, 39, n°2, 204-216.

- Molinari-Jobin A, Molinari P, Breitenmoser Wursten C, Breitenmoser U (2002). Significance of lynx Lynx lynx predation for roe deer Capreolus capreolus and Chamois Rupicapra rupicapra mortality in the Swiss Jura Mountains. Wildlife Biology, 8, 109-115.

- Stahl P, Vandel J.M, Herrenschmidt V, Migot P (2001). The effect of removing lynx in reducing attack on sheep in the French Jura Mountains. Biological Conservation, 101, n°1, 15-22.

- Schmidt-Pasthaus H, Breitenmoser Wursten C, Posthaus H, Bacciarini L, Breitenmoser U (2002). Causes of mortality in reintroduced Eurasian lynx in Switzerland. Journal of Wildlife Diseases, 38, 84-92.

Synthèse bibliographique :

      A la fin du 19e siècle, le lynx avait totalement disparu du Jura. En 1974, 15 lynx ont été réintroduits dans cette région. A l’époque, cette opération n’a pas suscité de conflits ou de débats entre les écologistes, les chasseurs et les éleveurs. Pourtant, dés leurs colonisations, les lynx se sont mis à attaqués les moutons (premières attaques remarquées en 1984 et en continuelle augmentation depuis) et les éleveurs ont commencé à protester.

      De nombreuses études ont portées sur la prédation des lynx sur les troupeaux de moutons. Ces recherches avaient pour objectifs de connaître la répartition des attaques, estimer les facteurs associés à cette prédation et identifier les lynx qui s’attaquaient exclusivement aux moutons, afin d’estimer l’impact de ce prédateur sur ces proies et de mettre en place un programme de gestion adapté. Ainsi, 9 lynx ont été équipés d’émetteurs entre 1995 et 1999 (Factors affecting lynx predation on sheep in the French Jura). Les données récoltées ont été traitées à l’aide de tests non paramétriques (test de Fisher) afin de comparer les taux de prédation suivant quatre facteurs. Les études ont démontré que la fréquence et l’intensité des attaques augmentaient à proximité des zones forestières, lorsque les populations d’ongulés sauvages étaient faibles et avec l’absence de l’homme, mais ne dépendaient pas de l’abondance des moutons (Predation on livestock by an expanding reintroduced lynx population, Factors affecting lynx predation on sheep in the French Jura). Entre 1984 et 1998, les lynx ont attaqué 515 élevages, menés 1132 assauts et tués en moyenne 1,6 moutons à chaque attaque. Toutefois, le suivi par émetteur a démontré que seuls quelques individus étaient responsables de la prédation des moutons, cette proie ne constituant qu’une faible part de leur régime alimentaire. Pour remédier à ce problème, les lynx considérés comme tueurs habituels de moutons ont été capturés dans des fermes puis relâchés plus loin (The effect of removing lynx in reducing attack on sheep in the French Jura Mountains). Cependant, on s’est aperçu qu’à long terme, ces individus revenaient chassés sur les mêmes sites, toutefois avec une fréquence des attaques moindre. Cette solution n’étant pas efficace, il faut développer les techniques de protection des élevages (chiens, fils électriques) et apporter aux éleveurs une compensation financière en cas de perte de bétails.

      On s’est également penché sur l’impact du lynx sur les populations de cerfs et les chamois. Le nombre de cerfs tués est passé de 1712 en 1986 à 7116 en 1997, cette évolution est responsable de conflits avec les chasseurs. La prédation diffère selon la structure de la population (âge, sexe, statut familial). Chaque année, le lynx tue 11% des chamois et 9% des cerfs ; il a donc un impact sur la dynamique de ces populations (Significance of lynx Lynx lynx predation for roe deer Capreolus capreolus and Chamois Rupicapra rupicapra mortality in the Swiss Jura Mountains).

      Après avoir augmenté, la population des lynx dans le Jura est devenue stable (50 individus en 2002) malgré un habitat favorable. Cette stabilisation est due à l’augmentation des causes de mortalité non infectieuses, notamment d’origines anthropiques (collisions avec voiture, chasse, …). De même, les maladies infectieuses se développent davantage en sympatrie, et l’isolement de ces populations entraine une faible diversité génétique (Causes of mortality in reintroduced Eurasian lynx in Switzerland).

      En résumé, les populations de lynx dans le Jura semblent être stables. Toutefois, pour que ces populations soient viables à long terme, il faut réduire le taux de mortalité des adultes. De plus, pour éviter tout problème avec les éleveurs, il faut leur apporter des solutions pour protéger leurs troupeaux (chiens, fils électriques, …).


version word