COLOMBO Raphaël Importance des Chauves-souris frugivores pour la conservation des forêts tropicales. Mots-clés utilisés pour la recherche : fruits-eating bats, plants succession, tropical forest, dispersion Bibliographie : Fujita M.S. & Tuttle M.D. (1991). Flying Foxes (Chiroptera: Pteropodidae) : Threatened Animals of Key Ecological and Economic Importance. Conservation Biology 5, 455-463 Griscom H.P., Kalko E.K.V., Ashton MS. (2007). Frugivory by small vertebrates within a deforested, dry tropical region of Central America. Biotropica 39, 278-282 Muscarella R. & Fleming T.H. (2007). Bats in Tropical Forest Succession. Biological Reviews 82, 573-590 Picot M., Jenkins R., Ramilijaona O., Racey P., Carrière S. (2007) The feeding ecology of Eidolon dupreanum (Pteropodidae) in eastern Madagascar. Ecology 45, 645-650
Contrairement aux oiseaux frugivores qui restent longtemps perchés après avoir mangé et sont donc plus à même de déféquer les graines ingérées sous l’arbre mère, les chiroptères défèquent ou recrachent les graines le plus souvent en vol (Muscarella & Fleming 2007). Outre une très grande capacité de déplacement permettant aux graines d’être transportée sur de longues distances (Bianconi & al. 2007), les chiroptères se caractérisent par la grande quantité et surtout diversité de fruits ingérée chaque nuit. Ils dévorent en effet environ une fois leurs poids par nuit, tandis que près de 40 espèces différentes de fruit ont été retrouvé dans des fèces de roussettes (Picot & al. 2007). Contrairement aux rongeurs, consommateurs de graines ou de jeunes pousses, et qui ont donc plutôt un impact négatif sur la régénération de la forêt (Griscom & al. 2007), le passage des graines très rapide d’environ 30 minutes dans la bouche puis l’estomac des Mégachiroptères, laisse les graines intactes et augmenterait même significativement leur taux de germination (Bianconi & al. 2007). Au travers des graines qu’ils mangent puis dispersent, ainsi que du pollen qu’ils récupèrent, pollenisant les fleurs nocturnes, les chauves-souris frugivores influences donc considérablement la structure de la végétation (Bianconi & al. 2007). Au moins 289 espèces de plantes seraient liées à ces Mégachiroptères pour la propagation de leurs graines et au moins 150 espèces de Ptéropodidés joueraient un rôle capital en tant que pollinisateurs (Fujita & Tuttle 1991). La dispersion des graines par leurs fèces et du pollen par leur langue, fondamentale dans le succès reproductif des plantes consommées, leur confère donc un rôle écologique clé dans le fonctionnement et le maintien des forêts en climat tropicale (Picot & al. 2007, Fujita & Tuttle 1991, Muscarella & Fleming 2007). Leur rôle économique n’est pas non plus négligeable puisqu’il est évalué chaque année dans l’agriculture locale à plusieurs millions de dollars, notamment car ils sont à la base de la pollinisation d’environ 30% des fruits tropicaux (Fujita & Tuttle 1991). Par ailleurs, les travaux de Bianconi & al. (2007) devraient permettre une utilisation de ces chiroptères frugivores pour la reforestation de forêts dégradées, en les attirant par exemple sur les zones à reboiser à l’aide d’huiles essentiels de fruit de ficus. Malgré cela, ces « renards volants » souffrent d’une mauvaise image, et d’un manque crucial de communication. Ils sont fréquemment persécutés, chassés par plaisir, vendus comme nourriture de luxe, ou tués par les fermiers pour protéger leurs vergers. A ce triste tableau, on peut ajouter l’augmentation croissante de la déforestation qui entraine la fragmentation de leurs habitats (Picot & al. 2007). La plupart des populations de Macrochiroptères subissent déjà de grave déclins et certaines espèces ont dors et déjà disparu (Fujita & Tuttle 1991). La mise en œuvre de moyens de conservation s’avère donc indispensable et extrêmement importante (Muscarella & Fleming 2007). |